TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE

Hyperphagie boulimique

Qui n’a jamais mangé plus que d’ordinaire, à l’occasion d’un repas de fêtes ou des vacances ? Qui ne s’est jamais jeté sur un paquet de chocolat/biscuits/chips en étant stressé ou triste ?

Les excès alimentaires concernent la plupart d’entre nous. Et nous nous servons tous de la nourriture comme moyen de réconfort à un moment ou à un autre. Ces comportements n’ont rien d’anormal.

Lorsque la surconsommation alimentaire est répétée, prolongée et qu’elle devient source de souffrance considérable, on parle d’hyperphagie boulimique. L’hyperphagie boulimique est un trouble des comportements alimentaires proche de la boulimie nerveuse.

L’hyperphagie boulimique est un trouble dont on entend très peu parler. Il reste sous-diagnostiqué et sous-traité. Moins de la moitié des personnes qui souffrent de ce trouble auraient reçu un traitement ! Les personnes souffrant d’hyperphagie consultent moins des psys que pour les autres troubles alimentaires. Elles se tournent plutôt vers un généraliste ou un nutritionniste.

Et pourtant l’hyperphagie boulimique est un syndrome psychiatrique reconnu. Avec une prévalence de 2 à 8 %, il s’agit d’un trouble plus répandu que l’anorexie mentale et la boulimie nerveuse. Entretenant de forts liens avec l’obésité (plus de 50% des personnes souffrant d’obésité souffriraient également d’hyperphagie), l’hyperphagie boulimique est désormais reconnue comme pathologie psychiatrique à part entière par l’American Psychiatric Association.

Vous souffrez peut-être d’hyperphagie boulimique si :

  • Vous souffrez de crises de boulimie : vous mangez des quantités « importantes » de nourriture sans pouvoir vous empêcher de le faire
  • Après la crise, vous vous sentez coupable, dégoutée de vous-même, déprimée
  • Vous mangez sans avoir faim
  • Vous mangez plus rapidement que la normale, souvent jusqu’à en avoir mal au ventre
  • Vous mangez seule parce que vous êtes gênée de la quantité de nourriture que vous absorbez
  • Votre alimentation est erratique et déstructurée, parfois même en dehors des crises de boulimie.
  • La nourriture vous obsède.
  • Votre poids fluctue de manière importante. Vous souffrez de surpoids ou d’obésité.
  • Vous n’avez pas recours aux comportements compensatoires comme dans la boulimie nerveuse. Vous ne vous restreignez pas après avoir mangé excessivement. Vous ne vous engagez pas dans une activité physique excessive. Vous n’avez pas non plus recours à des comportements de purges (vomissements, laxatifs, lavements …)

L’hyperphagie boulimique

  • est une maladie complexe, d’origine multifactorielle, c’est à dire qu’elle est causée par la rencontre de plusieurs facteurs :
    • biologiques (dysfonction de l’hypothalamus, le centre cérébral de la faim, mutation génétique engendrant une dépendance à la nourriture, déficit de sérotonine).
    • psychologiques (dépression, faible estime de soi, insatisfaction corporelle, solitude, difficulté dans le contrôle de l’impulsivité et dans l’expression des émotions).
    • Sociaux (critères de beauté et idéalisation de la minceur dans notre société occidentale).
    • Environnementaux : des événements de vie difficiles (déménagement, deuil, séparation parentale, rupture amoureuse, difficultés relationnelles, critique de l’apparence physique, harcèlement…) peuvent également faciliter l’apparition du trouble.
    • Familliaux : Enfin, les facteurs familiaux (troubles du comportement alimentaire, dépression ou tout autre trouble psychologique ou psychiatrique non traité chez un parent) font parfois aussi partie des conditions d’apparition du trouble. De plus, certains parents ont inconsciemment préparé le terrain à l’hyperphagie en utilisant la nourriture pour réconforter ou récompenser l’enfant.
  • Est aussi appelée « boulimie sans vomissement » ou « compulsion alimentaire grave »
  • Touche environ 2 à 8 % de la population
  • Concerne autant d’hommes que de femmes
  • Apparaît généralement au début de l’âge adulte, vers 20 ans, mais l’âge de la première consultation est plus tardif : entre 30 et 50 ans
  • Ce trouble alimentaire engendre des répercussions majeures sur l’état de santé physique, sur l’équilibre psychologique et sur les relations interpersonnelles (problèmes de santé physique, insomnies, dépression, pensées suicidaires, anxiété et abus de substance, relations sociales appauvries, carrière professionnelle perturbée). Mais l’effet le plus important de l’hyperphagie est la prise de poids qui peut mener à l’obésité.

Quelles solutions contre l’hyperphagie boulimique ?

L’hyperphagie se soigne de la même manière que les autres troubles alimentaires : une prise en charge interdisciplinaire demeure la clé d’une intervention réussie

  • Prise en charge médicale : un suivi médical, par un généraliste ou un psychiatre, est nécessaire afin d’évaluer l’état de santé. L’objectif premier est de diminuer les épisodes de perte de contrôle sur l’alimentation et de retrouver un poids de santé. Le médecin va aussi dépister les éventuelles complications associées et les traiter. Un traitement médicamenteux peut être indiqué pour contrôler les symptômes. Mais ce dernier n’est pas suffisant. Le médecin va déployer l’aide pluridisciplinaire nécessaire à la prise en charge des aspects psychologiques et diététiques, dans un travail étroit de collaboration avec les professionnels, la patiente et sa famille.
  • Les thérapies cognitives et comportementales (3ie vague) identifient les pensées, émotions sous tendant les comportements alimentaires inadaptés afin de modifier le rapport de la patiente à celles-ci. L’approche est centrée sur la personne dans le cadre d’un travail individuel autour de la pleine conscience, l’acceptation, les valeurs et les actes engagés.
  • Les thérapies familiales considèrent que la famille constitue le premier lieu d’apprentissage et d’expérience mais aussi le premier lieu où apparaissent les difficultés relationnelles et émotionnelles. La famille est donc un espace privilégié pour comprendre et modifier les dynamiques relationnelles impliquées dans troubles du comportement alimentaire. L’approche familiale est centrée sur l’individu et sa famille de manière à travailler les relations entre ses membres et à comprendre le sens du symptôme dans l’équilibre familial.
  • La psychothérapie interpersonnelle de l’hyperphagie se centre sur les problèmes relationnels et interpersonnels qui contribuent à l’alimentation compulsive. L’objectif est d’améliorer les aptitudes en communication et de développer des relations plus saines au sein de la famille et avec ses amis.
  • Les ateliers de pleine conscience et acceptation peuvent être un complément intéressant à la psychothérapie. Ils permettent d’apprendre une autre manière de gérer son stress, son anxiété ou sa dépression (pour les ateliers « Pleine conscience et acceptation, anxiété et dépression »). Les ateliers « Manger en pleine conscience, vivre en pleine conscience » appliquent les outils de la pleine conscience et de l’acceptation à l’alimentation. Ils (ré)apprennnent à entendre et écouter les sensations alimentaires et les messages de notre corps. Ils restaurent un rapport harmonieux, apaisé à la nourriture et au corps.

La première consultation

Lors d’une première consultation, vous serez accueilli par un thérapeute spécialisé dans la prise en charge des troubles du comportement alimentaire. Il s’efforcera avec vous de cerner les difficultés que vous rencontrez en ce moment et de voir quelle est la solution la mieux adaptée à votre cas : une prise en charge individuelle ou un atelier par exemple.

Ce premier entretien préparatoire peut être suivi d’un ou deux autres le cas échéant avant d’entreprendre la phase thérapeutiques proprement dite.

La première séance est toujours un premier contact qui n’engage à rien.

Après ce premier entretien, vous avez toutes les cartes en main pour décider LIBREMENT de poursuivre ou non votre démarche thérapeutique.

La durée du traitement

La durée du traitement est très variable. Votre thérapeute vous donnera plus d’information sur les bénéfices que vous pouvez attendre d’une prise en charge individuelle ou en groupe de votre trouble du comportement alimentaire.

Ce texte a été rédigé par Barbara Lembo, thérapeute de couples et de familles et Emmanuelle Hayward, psychologue cognitivo-comportementaliste au centre Thérapsy.

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