TROUBLES LOGOPEDIQUES ET NEUROPSYCHOLOGIQUES

Les troubles du langage oral

Pour commencer, il est primordial de rappeler que chaque enfant est unique et que son développement l’est aussi. Le rythme d’apprentissage du langage oral et des moyens de communication se fait donc différemment chez chacun d’entre eux.

Comment se développpe le langage oral chez l’enfant ?

Le développement langagier est fait de plusieurs petites étapes :

PHASE PRE-LINGUISTIQUE (0 à 12 mois)

La phase entre 0 et 2 mois se nomme phase de “compétences précoces” :

  • Le nouveau-né montre un intérêt privilégié pour la voix humaine et est capable de différencier des phonemes.
  • Les cris, premières productions vocales de l’enfant, se diversifient dès les premières semaines en fonction des états éprouvés par l’enfant (faim, douleur, appel, bien-être).
  • La mère leur attribue déjà des significations et les fait entrer dans un premier système de communication (c’est ce que l’on appellee l’ “anticipation créatrice”).

Au cours du deuxième mois, les vocalisations de l’enfant se diversifient. Il semble s’agir au début d’un jeu sensorimoteur, source de plaisir pour l’enfant, qui s’enrichit progressivement. A partir du 5ème-6ème mois, ces vocalisations entrent dans un jeu interactif avec l’environnement maternant.

La production de syllabes bien articulées débute entre 6 et 8 mois.

A partir de 8-10 mois, les productions de l’enfant se modifient en fonction du langage du milieu environnant. A l’évolution des productions vocales s’associe un développement de la communication non verbale: par le regard, puis par le sourire (mimiques).

Enfin vers 8-9 mois appraît l’ “attention conjointe” : l’enfant cherche à attirer l’attention d’autrui, porte son regard sur ce qu’on lui montre, pointe du doigt en direction d’un objet.

PHASE LINGUISTIQUE

Les premiers mots apparaissent généralement entre 12 et 16 mois. Il s’agit de mono ou dissyllabes systématiquement associées à certains objets ou à certaines situations (demande, désignation).

L’accroissement du vocabulaire -très variable d’un enfant à l’autre- est relativement lent jusque vers 16 mois (moyenne 30 mots).

Vers la fin de la deuxième année, il s’accélère : 250 à 300 mots vers deux ans.

Vers 18 mois, l’enfant commence à utiliser le non, qui démontre un progrès de son individualisation. Les premières phrases (association de deux mots, pour désigner une action) apparaissent entre 20 et 26 mois.

Au cours de la 3ème année :

  • L’acquisition du vocabulaire s’intensifie pour atteindre environ 1000 mots à 3 ans. L’enfant perfectionne l’articulation des différents phonèmes (selon une progression assez fixe d’un enfant à l’autre, dépendant des difficultés propres à chaque geste articulatoire).
  • En ce qui concerne l’acquisition de la syntaxe, les phrases sont d’abord de « style télégraphique » (mots-phrases), puis comportent progressivement un sujet, un verbe, un complément, des qualificatifs, des pronoms. Le « je » apparaît vers 3 ans marquant une étape importante de l’individuation et de la reconnaissance de sa propre identité par l’enfant.
  • Le langage adulte de base, correctement articulé, est généralement acquis entre 3 et 5 ans. Au-delà, le langage continue d’évoluer : enrichissement du vocabulaire, perfectionnement de la syntaxe (concordance des temps, accord des participes passés) ; le langage progresse aussi sur le plan expressif et cognitif (acquisition de la métaphore).

Vers 6 ans l’enfant est en général prêt pour l’apprentissage du langage écrit : la lecture est normalement acquise en une année scolaire, elle continuera de progresser par la suite (rapidité, automatisation).

Attention, il est important de ne pas prendre ces indications à la lettre, chaque enfant, unique, se développe à son rythme et ce dernier doit être respecté.

Toutefois, certaines observations quotidiennes de l’enfant peuvent amener à un questionnement et une inquiétude justifiée nécessitant une évaluation du langage oral par une logopède.

Distinguer RETARD et TROUBLE du langage oral

Deux aspects sont importants lors du développement du langage : la production, souvent observée de manière plus directe, mais également la compréhension, parfois plus subtile à remarquer dans la vie quotidienne.

Ces deux aspects, production et compréhension, peuvent être sources de difficultés pour l’enfant.

Il peut donc s’agir chez l’enfant de prononciations erronées, de difficultés d’articulation, de difficultés de construction de phrases mais également de difficultés dans la compréhension de mots ou de phrases.

Il est important de distinguer « TROUBLE » et « RETARD » de langage.

  • Le retard est un simple décalage du développement du langage, un rythme d’acquisition plus ralenti. Il s’agit donc non pas d’une difficulté ayant une cause organique mais plutôt d’un fonctionnement différent qui sera, si cela est détecté à temps, rapidement rattrapé lors de séances logopédiques.
  • Le trouble quant à lui peut être perçu comme une forme particulière du développement du langage, pouvant amener à des difficultés plus profondes que le retard. La progression de l’enfant en suivi logopédique est généralement plus lente et nécessite des aménagements et stratégies différentes et plus importantes que pour un simple retard.

La différence entre trouble et retard est de moins en moins pertinente à mesure que l’enfant grandit.

Le trouble de l’articulation

Il s’agit d’une altération systématique d’un ou de quelques phonèmes. Ce trouble porte préférentiellement sur certaines consonnes.

S’il est isolé, ce trouble est purement fonctionnel et bénin, sans conséquences sur la suite du développement de la parole et du langage, ni sur l’acquisition du langage écrit.

Attention néanmoins, il peut persister indéfiniment en l’absence de rééducation.

Le retard de langage

L’ensemble des étapes du développement du langage est retardé : les premiers mots n’apparaissent pas avant 2 ans, et surtout les premières phrases n’apparaissent qu’après 3 ans.

De plus, le vocabulaire est très pauvre, la syntaxe est rudimentaire : juxtaposition de mots sans liaison (style télégraphique) ; verbes non conjugués. Des troubles phonétiques sont souvent associés.

La compréhension est meilleure que l’expression : l’enfant répond de façon adaptée aux situations de la vie courante ; mais un examen attentif montre généralement que la compréhension est inférieure à celle des enfants du même âge.

Ces troubles s’associent parfois à des signes d’immaturité affective : notamment des habitudes orales du premier âge (suçage du pouce ou de la langue, prédilection pour une alimentation lactée et semi-liquide).

La dysphasie

La dysphasie est la forme plus sévère des troubles du développement du langage ; elle est définie comme un trouble de la structure du langage sans substrat organique décelable, en l’absence de déficit auditif, de retard mental majeur et de trouble psychotique.

Il s’agit d’enfants qui n’ont, à l’âge de 4 ans, qu’un langage très sommaire – souvent encore au stade du “mot-phrase”.

Le langage spontané est réduit avec un vocabulaire imprécis et rudimentaire, souvent difficilement compréhensible en raison des troubles phonétiques ; il est agrammatique ou comporte d’importantes et nombreuses erreurs syntaxiques.

Il existe habituellement des troubles du versant réceptif du langage, portant sur la compréhension et/ou sur la discrimination des divers éléments phonétiques.

Enfin, certains enfants dysphasiques présentent d’importantes dyspraxies bucco-linguo-faciales contribuant aux troubles articulatoires.

L’acquisition du langage écrit reste généralement difficile (dyslexie); sauf dans les formes comportant surtout des troubles phonologiques où, au contraire, l’apprentissage de la lecture peut favoriser l’acquisition et la progression du langage oral.

Ce texte a été rédigé par Marie Smets, logopède au centre Thérapsy.

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